mercredi 25 août 2010

Août 2010 : Serguiev Possad

Cet été, allons faire une escapade en dehors de Moscou pour prendre un peu l'air (34-35°C depuis début juillet, mais du vent, ce qui rend la chaleur supportable). C'est promis, je ne vous parlerai pas des incendies en Russie, ni des fumées sur Moscou, d'autant plus que je n'y étais pas lors de la période la plus critique.


 

A 75 km au nord-est de Moscou se trouve la ville de Serguiev Possad (Zagorsk de 1930 à 1991 pendant l'ère soviétique). Même si c’est aujourd'hui un centre industriel, avec une population de plus de 100.000 habitants, sa renommée repose sur le monastère orthodoxe appelé « Laure de la Trinité de Saint Serge », l'équivalent orthodoxe russe du Vatican. Il dispose d'un ensemble de bâtiments médiévaux capables de rivaliser avec ceux du Kremlin. A noter que la ville possède aussi un Musée du jouet, qui expose plusieurs milliers de pièces traditionnelles russes et étrangères.
Serguiev Possad fait partie de l’Anneau d’or, un ensemble de villes princières situées autour de Moscou et contenant des ensembles architecturaux superbes.


Comment y aller ?
Eh bien, il y a la voiture : avec chauffeur, c’est très cher ou sans, mais cela peut aussi s’avérer cher sans !  Il faudra être patient car comme pour beaucoup de villes de l’anneau d’or cela peut se terminer par 5 à 6h de voyage à l’aller comme au retour compte tenu des embouteillages autour de Moscou.
Pour les touristes étrangers, la solution est le voyage organisé en car qui fait partir tôt mais il y a le guide anglais ou français d'inclus dans le prix du voyage : plusieurs agences à Moscou proposent cette destination avec un aller-retour dans la journée.
Notre choix, très économique, fut de prendre le train de banlieue (elektritchka) car il y a beaucoup de trains pour cette destination et c’est facile de faire l’aller-retour dans la journée. Il suffit de demander les billets à une des caisses de la gare (attention, il y a 3 gares côte à côte au métro Komsomolskaya). La condition est de parler et comprendre un peu le Russe car il y a peu de chance de trouver un guichet où l’anglais ou le français soient compris. Et ne pas oublier de descendre à la bonne gare ! (annonce et panneau en Russe)
 

Compter 1/4h à pied de la gare pour aller sur le site du monastère : les coupoles se voyant de loin, c’est assez facile à trouver. Il faut traverser la gare routière et abandonner les trottoirs bitumés une partie du trajet. Lorsque l’on approche du site, la vue est vraiment splendide.
 

Avant l'entrée du monastère il y a beaucoup de boutiques de souvenirs : c’est un site de pèlerinage très visité par les Russes.

Un peu d’histoire ?
Le monastère est considéré comme le cœur de l'orthodoxie russe, car il a été fondé au 14ème siècle par Serge de Radonège, un moine de Rostov, saint patron de la Russie. Le monastère fut construit initialement en bois par Serge et ses partisans.
Au 15ème siècle, l’endroit acquiert véritablement son statut de Laure (le plus haut rang de monastère orthodoxe – il n’y en a que 4 dans toute la Russie). Le monastère fut rasé par les Tartares (grands ennemis des Russes), peu après la mort de Serge de Radonège, mais son tombeau a survécu. 
En 1422, l'année de sa canonisation, les travaux de reconstruction ont commencé. Au 16ème siècle, Ivan le Terrible le dota d'un ensemble grandiose de bâtiments et d'églises. Le monastère était une véritable forteresse : il résista victorieusement 16 mois aux armées Polonaises et Lituaniennes au début du 16ème siècle. A noter qu’en 1685 le jeune Pierre le Grand y vint se réfugier avec sa mère et qu’il fut sauvé par la sainteté du site (paraît-il !) et aussi l’arrivée fortuite d’un régiment de cavalerie. Plusieurs églises et édifices ont été ajoutés au cours des siècles suivants et les murs d'enceinte furent surélevés.
Bien que la capitale Russe ait déménagé pendant quelques temps à Saint-Pétersbourg, le monastère de la Trinité à Sergueiv Possad est resté le centre de l'Église Russe jusqu'en 1920, date de fermeture par le gouvernement bolchevique qui envoya les moines en camp de travail. Staline a permis la réouverture du monastère en 1946 dans le cadre des célébrations de la victoire de la guerre.
C’est aussi maintenant le siège d’une université de théologie qui occupe une partie du site avec ses 700 étudiants (information de notre guide local).
Ce site est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1993.


 


La visite du site :
L'entrée est gratuite et il est possible de visiter librement la plupart des bâtiments (sauf ceux des moines et étudiants en théologie). Cependant, pour un prix raisonnable, des guides locaux proposent une visite guidée d'une heure en anglais, en français ou en allemand : cela permet de voir d'autres monuments comme le réfectoire qui ne sont accessibles que par ce biais.


Pour se mettre dans l'ambiance, une courte vidéo :


La cathédrale de l’Assomption (aussi appelée Dormition) est une structure semblable à son homonyme dans le Kremlin - et tout aussi impressionnante - la grande différence étant dans le jeu de couleurs. Ici le contraste est plus grand entre les murs blancs, les quatre dômes d'azur constellées d'étoiles dorées et la grande coupole d’or centrale. C'est Ivan le Terrible qui en ordonna sa construction en 1559. A voir le tombeau des Goudonov dans l'angle nord-ouest de la cathédrale : pour mémoire, le père (Boris) avait été tué en même temps que son fils et une de ses filles (seule son autre fille, Xenia, est morte naturellement).
   

Les autres principales attractions architecturales du monastère sont :
- la Chapelle sur le puits (photo de gauche) : cette petite chapelle de style "Narychkine" date de la fin du 17ème siècle, et est constituée de 3 prismes octogonaux sur une base carrée. Elle a l'aspect joyeux, et est semblable à un jouet sculpté et peint. Elle renferme une source miraculeuse.
Pour faciliter l'accès à la source (beaucoup de pèlerins ont été guéri par cette eau), une fontaine à baldaquin (appelée le "baldaquin au-dessus de la croix") a été créée en 1872. La photo de droite montre cette fontaine  où les pèlerins peuvent boire l'eau de source "miraculeuse" ou remplir une bouteille. On se croirait presque à Lourdes !
 


- la Cathédrale de la Trinité, dans laquelle se trouve la tombe de Serge de Radonège (on comprend après coup pourquoi il y a des pèlerins qui font la queue ...)
 


- l’Eglise de l'Esprit Saint, à droite sur la photo, avec les tombeaux de St Maxime le Grec (érudit qui traduisit des liturgies et livres grecs en Russe) et de St Antoine de Radonezh (vicaire entre 1831 et 1877)


- l’Eglise St Serge et le Réfectoire, avec la petite église St Mica accolée (photo de gauche)
 

 


- l’Eglise St Nikon de Radonezh, en mémoire de son activité pour la création du monastère (avec St Serge, le fondateur)


- l’Eglise Notre Dame de Smolensk, érigée entre 1746 et 1748 sur ordre de l'Impératrice Elisabeth, en remerciement d'un miracle (guérison d'un moine)


- la Tour de la Clocheérigée entre 1740 et 1770, une des plus hautes de Russie (88m) et sa cloche de 65 tonnes
 


- la Tour d'eau, indispensable au monastère


- la Tour à l’entrée principale, avec ses nombreuses icônes murales et l'Eglise de la Nativité de St Jean-le-Baptiste au dessus du porche, construite entre 1693 et 1699.
 


- et pour terminer cette visite, le joli Palais du Tsar (il ne se visite pas). C'est l'impératrice Elisabeth qui, rendant souvent visite à ce monastère, fonda le séminaire dans les appartements de ce palais en 1742 et qui donna le titre de "Laure" à ce monastère. En 1814, l'Académie de théologie fut transférée de Moscou au monastère de Sergueiv Possad.


Vous voulez voir d'autres images ou connaître plus en détail l'histoire et les monuments, alors jetez un coup d'oeil sur le site Web multilingue très bien fait http://www.stsl.ru/ (et regardez la vidéo, c'est comme si vous y étiez !)

1 commentaire:

  1. Salut !
    Bravo pour les images qui nous invitent aux voyages!
    L'architecture russe des siècles passés est très belle aux couleurs gaies. Elle tranche beaucoup de nos monuments religieux.
    Continuez à nous faire découvrir la Russie éternelle.
    Amitiés !
    Georges, Louise, Nathalie, Paul

    RépondreSupprimer