mardi 25 mai 2010

Mai 2010 à Moscou : Peredelkino, un peintre et deux écrivains

L'opportunité d'une visite du village de Peredelkino  nous fait découvrir 2 écrivains (Tchoukovski et Pasternak) et un peintre (Shilov).
  

Commençons d’abord par le peintre Shilov (photo de droite), artiste contemporain né en 1943. Il a peint plus de 600 tableaux dont tous les portraits des chefs de l’Union Soviétique et de la Russie, aussi sa famille et il montre également la vie des gens ordinaires. Ses détracteurs disent que ses portraits ressemblent à des photographies mais il fait plus ressortir les traits de visage exprimant souvent la dureté de la vie : ses esquisses au crayon sont remarquables. Depuis 2001 il est membre de l’Académie Russe des Arts et il a donné à la ville de Moscou 365 de ses tableaux.
 

Le nouveau bâtiment de la Galerie Shilov est situé non loin du Kremlin, près du métro Borovitskaya : il a été inauguré par le maire de Moscou YM Loujkov fin juin 2003.
  

Pour jeter un coup d'oeil aux tableaux voir le site officiel  http://www.amshilov.ru/ et aussi http://www.tanais.info/art/en/shilov.html
Hormis les portraits, il a peint quelques natures mortes et également des paysages tels le village de Peredelkino (ci-dessous).
  

Maintenant, allons découvrir la village de Peredelkino : http://www.peredelkino-land.ru/
Peredelkino est à seulement 40 min du Kremlin en voiture (20 km de Moscou, au sud-ouest) et pour s’y rendre il faut prendre la route Minskoe (en direction de Minsk). Peredelkino rassemble un ensemble de datchas qui avaient été construites pour les artistes. Il y a aussi la possibilité d'y aller en train mais prévoir la journée et beaucoup de marche à pied !
Allons d’abord voir l’Eglise de la Transfiguration dont le style rappelle la cathédrale Saint-Basile sur la place Rouge : celle de Peredelkino a 11 coupoles (on les a comptées !).
    

Allons ensuite vers le cimetière de Peredelkino où reposent les écrivains Tchoukovski et Pasternak.
  

Il faudra reprendre sa voiture pour voir les datchas de Tchoukovski et Pasternak qui sont numérotées respectivement 48 et 34 sur le plan ci-dessous.

Korneï Tchoukovski (1882-1969) est un grand auteur de poésies pour enfants. Ses livres sont encore tirés en millions d'exemplaires. Tchoukovski parlait un Anglais courant et avait reçu un doctorat honorifique de l'Université d'Oxford pour ses essais sur Walt Whitman et pour sa théorie de la traduction. Il était aussi connu comme dissident soviétique éminent : il donna refuge à Soljenitsyne et à bien d'autres. Sa datcha peut se visiter (guide Russe) et on peut y trouver beaucoup d’objets lui ayant appartenu.
     

Presque tout dans la maison est préservé comme si Tchoukovski y vivait encore. Dans le bureau, il y a une énorme bibliothèque (plus de 5.000 volumes), un canapé, un bureau, sur lequel il y a un arbre et même un crocodile en bois noir. Une robe de professeur d'Oxford est accrochée à une porte : il l'avait reçu pour sa traduction des œuvres littéraires britanniques.


En quittant la datcha on peut voir l'arbre à chaussures dont parle Tchoukovski dans un de ses contes.

 

Les œuvres majeures de Korneï Tchoukovski sont :
                Le Crocodile (« Крокодил », 1916) : les paroles du conte récité dans les familles Russes aux petits enfants http://www.stihi-rus.ru/1/chukovskiy/12.htm
                Principes de la traduction artistique («Принципы художественного перевода», 1919)
                Moïdodyr (« Мойдодыр », 1923)
                Le Cafard (« Тараканище », 1923)
                La Mouche Tsokotouche (« Муха-Цокотуха », 1924)
                Barmaleï (« Бармалей », 1925)
                Le Téléphone (« Телефон », 1926)
                Docteur Aïbolit (« Доктор Айболит », Le docteur Aïbobo / docteur Aïe, 1929)
                L'Art de traduire (« Искусство перевода », 1930)
                De deux à cinq (« От двух до пяти », 1933)
                La Peine de Philomène (« Федорино горе », 1968)
              La Tour de Babel et autres légendes anciennes (« Вавилонская башня и другие древние легенды », 1968)

Boris Pasternak (1890-1960) est le plus connu des écrivains de Peredelkino à l’extérieur de la Russie. Il a obtenu un prix Nobel pour le roman « Le Docteur Jivago » en 1958 mais il a refusé de recevoir ce prix sous la pression du gouvernement soviétique qui considérait le livre comme antisoviétique. En Russie, Pasternak était très populaire comme écrivain et comme traducteur de Shakespeare. Sa datcha a été transformée en musée mémorial et on peut également la visiter (guide Russe).
Pour les technophiles, l'équipement qui ressemble à un téléviseur en est bien un : en effet, il y a devant un dispositif avec une loupe grossissante et un réservoir d'eau. Cela grossissait l'image et permettait à tous les invités autour de la table de voir la télévision : c'est l'ancêtre du vidéoprojecteur !
      

La dernière photo ci-dessus est un article de Paris-Match sur l'enterrement de Pasternak (n° 584 du 18/06/60).


Les principales œuvres de Pasternak sont :
                Un jumeau dans les nuages (1914)
                Par-dessus les barrières (1917)
                Ma sœur la vie (1917)
                L'an 1905 (1927)
                Le lieutenant Schmidt (1927)
                Sauf-conduit (1931)
                Seconde naissance (1932)
                Le docteur Jivago (1957). A voir également le film réalisé par David Lean (1965).
Après ce tour à la campagne il ne reste plus qu’à rentrer à Moscou en espérant qu’il n’y ait pas trop d’embouteillages !


mercredi 12 mai 2010

Mai 2010 à Moscou : Tsaritsyno

Encore au sud de Moscou, accessible en métro, mais assez loin du centre ville, allons découvrir un site peu fréquenté par les touristes étrangers : Tsaritsyno. 

Pour s’y rendre, prendre le métro ligne verte et descendre à la station Orekhovo, le retour pouvant se faire via la station Tsaritsyno.
Sur la carte ci-dessous où le centre de Moscou est en haut, le site de Tsaritsyno se trouve en bas à droite (gros plan sur la photo de droite). Il est proche du grand circulaire MKAD à environ 15 km du centre de Moscou.

Commençons par un peu d’histoire avec Catherine II.
En 1762, Catherine II, «la Grande», une princesse allemande, a usurpé le trône de son faible mari Pierre III avec l'aide de son amant Grigoriy Orlov, un officier des gardes. Avec son énergie et son intelligent leadership le pays a vécu une vaste expansion de son prestige et a réalisé des gains territoriaux, au détriment de la Turquie et de son vieil adversaire, la Pologne. Catherine a acheté de grandes collections européennes d'art et des livres (y compris la bibliothèque de Voltaire) et a publié en 1767 son « Nakaz » (instruction Impériale) sur laquelle une réforme du système juridique de la Russie devait être fondé.


Quel fut le rôle de Catherine II pour le domaine de Tsaritsyno ?
Catherine II a acheté ce lopin de terre en 1775 et fit le changement de nom de "Chyornaya Gryaz" (boue noire) en Tsaritsyno (le village de la Tsarine). Ensuite, elle a demandé à un de ses architectes les plus imaginatifs, Vasiliy Bazhenov, de concevoir et de construire un palais somptueux qui pourrait rivaliser avec ceux qui se trouvent à Saint-Pétersbourg.
Bazhenov conçut un complexe palatial innovant alliant les styles gothique, baroque et même mauresque, et Catherine II a approuvé les plans. Elle a visité le site en 1785 (10 ans plus tard !) et, même si la construction était en bonne voie, elle s’est proclamée insatisfaite. Le jeune collègue de Bazhenov, Matvey Kazakov, reçut la demande de reconstruire le palais mais, après une décennie supplémentaire de travaux, le manque de fonds l’a laissé inachevé.

Aujourd'hui, le site est couvert de jolis lacs et de forêts. Certaines des ruines ont été restaurées, mais le reste a une beauté qui peut-être n’aurait jamais été égalée une fois le palais achevé. Bien que le Grand Palais de Kazakov est l'édifice le plus imposant, certains des plus petits édifices de Bazhemov sont tout aussi impressionnants. 




 

Les visiteurs peuvent voir la "Porte Figurée" avec ses tours élégantes de style gothique et ses fenêtres en ogive, l'un des rares bâtiments approuvé par Catherine II. 
A noter sur la gauche de la "Porte Figurée", la "Maison du Pain" :

Nous avons eu la chance de pouvoir assister à un concert, à des chants d'opérette et à des danses dans une des salles du Grand Palais et sans supplément de prix car c'était apparemment la journée du "patrimoine", c'est-à-dire portes ouvertes pour les musées et châteaux !

 

Continuons notre promenade dans le parc.
L'Eglise de "Notre-Dame de l'esprit qui donne la vie" a été ajoutée au 19ème siècle. 

L'utilisation du bâtiment appelé "3ème corps de cavalerie" construit à la demande de Catherine II n'a pas encore été élucidée.

En face de l'église se trouve le "Pont Figuré" réalisé par l'architecte Bazhenov : c'est une combinaison de briques avec des socles en pierre blanche, avec des tours et des colonnes balustrade, dans un style se rapprochant du gothique.
 

Ne pas oublier (comme nous !) de passer par le grand pont gothique de Bazhemov qui fut conçu comme une entrée solennelle à la résidence de l'impératrice Catherine II.





En rentrant par la station de métro Tsaritsyno, on peut jeter un dernier regard (même si le temps est gris comme ce 18 avril) vers le palais qui domine la petite colline ceinturée par de nombreux lacs qui sont devenus un endroit de promenade pour les familles moscovites.

 

Pour plus d'informations sur Tsaritsyno, voir le site Web http://parktsaricino.ru/ (uniquement en Russe)